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Un rapport d’audit sur des états financiers est la mission comptable qui donne le plus d’assurance au lecteur des états financiers que ceux-ci présentent une image fidèle de la situation financière du syndicat. Une telle mission est souvent demandée par des investisseurs ou des banquiers lorsqu’une entreprise requiert un financement externe important.
En copropriété, du moins au Québec, c’est beaucoup moins fréquemment demandé, principalement pour des raisons de coût. Plusieurs syndicats qui veulent avoir des états financiers produits par un comptable indépendant se tourneront plutôt vers une mission d’examen. Il est toutefois intéressant de savoir que le ”Condominium Act” de l’Ontario exige à tous les syndicats de plus de 24 unités de faire auditer leurs états financiers annuellement avant la tenue de leur assemblée annuelle qui doit se faire dans les 6 mois.
Si vous avez recours à un audit de vos états financiers, vous verrez que les coûts et les délais de production ont augmenté depuis quelque temps. Ceci est principalement dû au travail supplémentaire que doivent faire les comptables et qui découle de la révision de la norme comptable NCA 315.
Travail du comptable lié à un audit
Lors d’une mission d’audit, le comptable fait en amont de ses tests par échantillonnage une évaluation des risques que représente l’entité auditée.
En général un syndicat est une entité relativement peu risquée en termes de risque inhérent à l’organisation puisque ses activités sont simples (entrées de fonds liées au frais de condo, sorties de fonds liés aux dépenses, lesquelles sont en général approuvées par 1 ou 2 membres du conseil d’administration) et peu nombreuses.
Le second risque que le comptable doit évaluer est le risque de contrôle. Le comptable doit documenter certains processus qui lui permettent de comprendre comment l’information financière est compilée et validée par les personnes chargées de la tenue des livres du syndicat. Cela englobe notamment les risques qui peuvent découler d’une mauvaise séparation des fonctions comptables (émission de chèque, conciliation bancaire, dépôt, création des fournisseurs, saisie d’écriture de journal, fermeture des états financiers, etc.) ou des processus d’approbation et de validation pour des tâches ayant une incidence sur la qualité de l’information financière.
Ceci dit, par le passé, les comptables évaluaient souvent le risque de manière générale. Ils documentaient les risques inhérents et les processus de contrôle et ensuite, ils posaient un constat sur le niveau de risque et pouvaient faire des recommandations à l’organisation auditée pour améliorer ses processus et ainsi réduire le niveau de risque perçu par le comptable. Il n’y avait pas nécessairement d’obligation pour les comptables de tester de manière approfondie les contrôles pour pouvoir établir que le niveau de risque d’une entité était faible.
Impact de l’évaluation du niveau de risque sur l’audit
Évidemment, c’est ce niveau de risque qui joue sur la taille des échantillons que le comptable aura à tester dans son travail de test qui consiste à corroborer un certain nombre d’éléments probants (factures, dépôts, contrats, etc.) qui lui permettront d’obtenir un niveau de confort suffisant pour émettre son rapport d’audit sans réserve.
Plus le risque est élevé, plus les échantillons à tester sont grands, ce qui a une incidence directe sur le niveau de travail à réaliser par le comptable pour pouvoir émettre son opinion.
Changement à la NCA 315
Avec la modernisation de la norme NCA 315, les comptables doivent dorénavant considérer l’incidence des contrôles généraux entourant les technologies de l’information (CGTI) pour évaluer le niveau de risque de contrôle, puisque ceux-ci peuvent avoir une incidence importante sur les données financières. Par ailleurs, pour l’ensemble des risques de contrôle, incluant ceux liés au CGTI, si le comptable n’effectue pas de test pour valider le bon fonctionnement de ces contrôles, il doit dorénavant considérer le niveau de risque de l’entité auditée comme étant ”élevé”.
Impact en copropriété (et pour plusieurs petites PME)
Le fait de devoir tester les contrôles généraux entourant les technologies de l’information (CGTI) fera en sorte que pour les organisations qui ont relativement peu de transactions financières (la vaste majorité des syndicats de copropriété), le comptable n’aura d’autre choix que de documenter l’environnement de contrôle comme par le passé pour en avoir une bonne compréhension, mais qu’il n’ira pas tester les contrôles pour pouvoir réduire le niveau de risque, car le travail additionnel à réaliser n’en vaudra pas la peine.
En effet, comme l’économie de temps ultérieur (par la réduction de la taille des échantillons de test d’éléments probants) de tester les CGTI ne serait pas suffisant par rapport au travail investit en amont, le comptable devra évaluer le risque de l’entité auditée comme étant ”élevé”, avec pour incidence un travail additionnel de corroboration d’éléments probants que par le passé.
Conclusion
Ainsi, la révision de la norme NCA 315 a donc pour incidence un travail additionnel à réaliser par le comptable, que ce soit en amont en testant l’environnement de contrôle ou au final par l’augmentation des échantillons de test d’éléments probants.
La révision de cette norme était cependant à prévoir puisque l’environnement technologique et réglementaire continue de se complexifier pour les organisations qui utilisent de plus en plus de logiciels complexes présentant beaucoup d’automatisation. Dans ce contexte, l’identification et l’évaluation des risques sont des étapes très importantes, car elles servent de base à la conception et à la mise en œuvre des procédures d’audit qui permettent d’identifier des anomalies significatives ou des erreurs dans les états financiers.
Vu le niveau de travail qui inévitablement a augmenté pour les comptables en matière d’audit, les cabinets s’ajusteront graduellement en matière d’effectifs et de tarification. Toutefois, on peut déjà sentir que dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre qui touche durement le secteur de la comptabilité, cet ajustement n’est pas facile pour les cabinets et que bons nombres d’entres eux ont des délais de production des états financiers plus longs qu’à l’habitude. Soyez donc indulgents envers eux, car ils travaillent très fort à s’ajuster en fonction des nouvelles normes qui leur sont imposées.
Elise Beauchesne, CPA, Adm.A
Présidente, Solution Condo inc.
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